photo montagne au coucher du soleil au tour de chartreuse

Cet été, Jérôme s’est lancé un défi : parcourir le Tour de Chartreuse en 7 jours, un itinéraire niché entre Grenoble, Chambéry et Voiron, au cœur du massif de la Chartreuse, dans les Alpes françaises.

Dans cet article, Jérôme partage son récit jour par jour avec ses impressions de marcheur, pour inspirer celles et ceux qui souhaitent à leur tour partir sur les sentiers de la Chartreuse.

Note :

J’ai fait cette randonnée avec mon frère début août 2025. Elle a duré 7 jours et 6 nuits avec 3 nuits en camping et 3 nuits en bivouac nature. Le poids de mon sac est d’environ 9 Kg (avec 1L d’eau et un peu de nourriture).

Jour 1 :  Grenoble – Le Sappey en Chartreuse
  • Départ: 7h25 – Arrivée: ~16h10
  • 18,86 km – 1453 m D+ (dénivelé positif)

Réveil matinal à 6h15. L’objectif : partir tôt pour éviter la chaleur annoncée en plaine, plus de 30°C à Grenoble, mais il fera 5 à 10° de moins en altitude. La montée jusqu’au fort de la Bastille se fait tranquillement, un bon échauffement avant d’attaquer les portions plus raides. Après la  descente jusqu’au col de Vence, nous faisons une pause grignotage avant la longue ascension du jour : celle du fort Saint-Eynard.
Le sentier grimpe régulièrement, avec une pente soutenue mais sur un chemin large et non technique, parfait pour trouver son rythme.

Le déjeuner se fait un peu à l’écart du sentier, en bord de falaise avec une vue magnifique sur la vallée autour de Grenoble.  Nous repartons 2 heures plus tard pour les 4 derniers kilomètres le long de la crête, avant de redescendre doucement vers Le Sappey-en-Chartreuse, étape du soir. Nous passons la nuit au camping.

Sommet montagne tour de Chartreuse 2025
Jour 2 : Le Sappey en Chartreuse – St Pierre de Chartreuse
  • Départ: 6h22 – Arrivée: ~18h45
  • 26,06 km – 1838 m D+

Après une bonne nuit avec quelques réveils, je me réveille à 5h30, 15 min avant l’heure prévue. Nous partons à 6h20. La journée commence fort, avec une montée de 1 000 mètres de D+ pour atteindre Chamechaude, point culminant du massif.

Un petit-déjeuner au col de Porte, vers 8h, permet de reprendre des forces avant la grande ascension. Le sentier grimpe régulièrement, sans difficulté technique, et il n’y a quasiment personne. Nous arrivons vers 10h. On laisse les sacs en bas car les derniers mètres se font à l’aide de cordes fixées dans la roche. Nous sommes à 2082 mn et le Mont Blanc se dévoile à l’horizon. Il y a une dizaine de personnes au sommet et on croisera un peu de  monde dans la descente. Une pause au col de Porte permet de remplir les flasques avant de repartir en direction du sommet de la Pinéa.

Sommet montagne tour de Chartreuse 2025 avec vue lointaine sur le Mont Blanc
Sommet montagne tour de Chartreuse 2025

Le déjeuner se fait en bord de sentier, avec vue sur Chamechaude. Pause plus courte que la veille : la digestion, combinée à la chaleur montante, rend la reprise un peu difficile. Mais rapidement, la concentration revient pour grimper les derniers mètres rocheux jusqu’au sommet, parfois en m’aidant d’une main pendant que l’autre tient les bâtons.

La suite du parcours suit la crête jusqu’au Charmant Som, sans toutefois monter jusqu’au sommet. Il est déjà 17h, le soleil tape fort, il n’y a pas d’ombre et il reste encore 7 km et 800 m de descente jusqu’au camping prévu. Les premiers mètres de descente dans les pierres sont techniques, mais c’est mieux en arrivant dans la forêt. À la sortie des bois, une clairière apparaît avec une source d’eau proche. L’endroit est parfait. Finalement, ce soir, ce sera le premier bivouac, face au Charmant Som.

Sur les chemins de randonnées du tour de Chartreuse
Randonneur sur les chemins du tour de Chartreuse
Jour 3 :  St Pierre de Chartreuse – St Pierre d’Entremont
  • Départ: 6h39 – Arrivée ~18h25
  • 27,12 km – 1433 m D+

Très bonne nuit de sommeil pour ce premier bivouac. Réveil à 5h30, fidèle au rythme des jours précédents. La journée commence par la fin de la descente entamée la veille, direction Saint-Pierre-de-Chartreuse. Le petit-déjeuner se fait simplement, sur un banc près du musée de la Grande Chartreuse, avec en toile de fond quelques jeunes bœufs et le Charmant Som encore illuminé par la lumière du matin.

Après cette pause, on attaque une longue montée en forêt fort sympathique avec plusieurs jolies vues sur le monastère de la grande chartreuse. Peu à peu, la pente se fait plus soutenue jusqu’à atteindre les alpages du col de Bovinant.
Une dernière montée raide mène au Petit Som, où on s’accorde une pause déjeuner bien méritée mais rapide car le soleil tape fort. La descente qui suit est technique avec beaucoup de caillasses. Une fois les alpages retrouvés on tombe nez à nez avec un troupeau de vaches barrant le sentier ! Un détour plus tard, la forêt offre enfin un peu d’ombre pour une pause digestion bienvenue.

La suite du parcours déroule une longue descente fluide vers La Ruchère, puis un sentier en balcon en forêt. Une dernière montée d’une centaine de mètres de dénivelé vient rappeler que la journée n’est pas terminée, courte, mais casse-pattes. Enfin, la grande descente de 700 mètres mène jusqu’à Saint-Pierre-d’Entremont.

Là, la fatigue se fait sentir, autant physiquement que mentalement. Je suis mon frère jusqu’à l’épicerie, un peu en pilote automatique. Heureusement, la journée s’achève avec une bière bien méritée au camping, puis installation de la tente, dîner, douche et un dodo bien mérité.

Jour 4 :  St Pierre d’Entremont – Mont Joigny
  • Départ: 6h25 – Arrivée: ~16h15
  • 19,45 km – 1461 m D+

Réveil à 5h30, comme d’habitude. Le camping dort encore lorsque les sacs se referment et que nous partons vers 6h15. On commence par traverser une gorge où on aperçoit une ancienne route suspendue à la falaise.

Après 2 kilomètres plutôt tranquilles, ça monte fort vers Colbert, où le petit-déjeuner s’impose pour emmagasiner des forces. S’ensuit une courte descente, puis une longue montée vers le col de la Cluse, sous un soleil qui commence déjà à chauffer.

Le sentier longe ensuite la route en plein soleil, direction la station de ski du Désert d’Entremont. Là, un restaurateur bienveillant nous permet de remplir toutes nos gourdes. Un vrai cadeau, car ce sera le dernier point d’eau avant le lendemain matin. Résultat : 4,5 litres dans le sac, un poids bien présent sur les épaules pour les kilomètres à venir !

La marche reprend sur un chemin large et fréquenté, avant d’emprunter un raidillon en forêt menant vers le Mont Pellat. La fin de l’ascension se déroule à flanc de falaise, un passage impressionnant donc j’avance prudemment notamment avec le poids supplémentaire du sac. Sur la crête de la Drillère, on trouve un spot parfait pour la pause déjeuner, avec une vue sur la vallée de Chambéry et le lac du Bourget. On repart pour une courte section d’escalade menant jusqu’à la pointe de la Gorgeat.

Randonneur sur les chemins du tour de Chartreuse
Sommet montagne tour de Chartreuse 2025

La suite du parcours devient plus fréquentée, le sentier s’élargit peu à peu jusqu’au Mont Joigny, où la journée s’achève en beauté avec un emplacement idéal de bivouac. Le coucher et le lever du soleil y sont magnifiques !

Bivouac avec coucher de soleil tour de chartreuse 2025
Jour 5 : Mont Joigny – St Pierre d’Entremont
  • Départ: 6h40 – Arrivée ~18h45
  • 27,26km – 638 m D+

Le bivouac du Mont Joigny restera sans doute l’un des plus beaux souvenirs du Tour. Le lever de soleil sur les montagnes valait à lui seul les efforts de la veille.
L’objectif du jour est de descendre vers Saint-Pierre-d’Entremont, à environ 13 km pour réserver un emplacement au camping, poser nos sacs et faire ensuite une boucle de 11,5km et 500D+ A/R au cirque Saint-Même.

Après 1h30 de marche, première récompense : un arrêt bien mérité à la boulangerie d’Entremont-le-Vieux pour un petit plaisir sucré. La reprise est un peu difficile mais c’est en descente et le chemin est très agréable en forêt en longeant une rivière avec une jolie cascade.

À l’arrivée au camping de Saint-Pierre, mauvaise surprise : plus de place disponible. Le gérant a déjà plusieurs réservations qu’il ne sait pas où mettre donc il nous propose de repasser plus tard dans l’après-midi pour voir s’il reste un petit coin libre.
Le bivouac au cirque de Saint-Même étant interdit, on repère une zone de repli à côté du stade, juste au cas où.

Après un rapide passage à la supérette pour acheter sandwichs et tartelettes, la montée vers le cirque de Saint-Même commence. Le soleil tape fort, et la chaleur rend la progression lente.  Arrivés au grand parking du cirque, on fait le plein d’eau, puis une longue pause pique-nique à l’ombre, au bord de la rivière. L’endroit est prisé car il y a du monde qui pique nique aussi. Trois heures plus tard, on fait la balade autour du cirque et on redescend vers St Pierre.

Mais un détail vient troubler cette belle journée : au moment de repartir, je réalise que j’ai oublié mes bâtons de marche… trois heures plus tôt, au point d’eau du parking. J’y retourne en vitesse, mais ils ont disparu. Ce ne sera pas un gros problème pour marcher, mais ils servent aussi à tenir ma tente. Ceux de mon frère sont trop longs et non réglables, on devra improviser.

La descente vers Saint-Pierre se fait tranquillement, avant d’apprendre une bonne nouvelle: le camping peut finalement nous accueillir, sur un petit bout d’herbe disponible.
La tente tient bon grâce aux bâtons de mon frère mis en biais, et la soirée se termine par une bonne douche et la préparation pour la grosse journée du lendemain : 30 km et 2 000 mètres de dénivelé positif au programme, avec le passage par le sommet de la Dent de Crolles.

Jour 6 : St Pierre d’Entremont – St Nazaire les Eymes
  • Départ: 5h24 – Arrivée ~18h
  • 29,81 km 1976 m D+

Réveil aux aurores, à 5h. À 5h30, nous reprenons la marche, frontales allumées, avant même le lever du jour. Direction le parking du cirque où nous prenons le petit-déjeuner et remplissons toutes nos flasques : impossible de savoir où se trouvera le prochain point d’eau.

La montée débute fort, avec un passage à 30 % de pente, puis devient encore plus raide lorsque nous perdons la trace du sentier. Nous continuons à quatre pattes parfois, jusqu’à retrouver la trace officielle. Après environ 800 m de dénivelé positif, les alpages s’ouvrent devant nous, moment magique, d’autant plus qu’on aperçoit au loin un chamois et son petit.

Sommet montagne tour de Chartreuse 2025

La suite alterne descentes et pentes douces en forêt. Une pause casse-croûte au soleil, quelques vaches curieuses sur le chemin, puis la montée vers le col de Bellefont. La chaleur commence à se faire sentir, mais le panorama, grandiose des deux côtés, en vaut largement la peine.

Arrivés dans la forêt, nous profitons d’une pause déjeuner à l’ombre. Une question se pose : tenter l’aller-retour jusqu’au sommet de la Dent de Crolles, malgré la chaleur ? Finalement, on se lance, sacs posés derrière des arbres. On fait l’aller-retour en 45 minutes. Certains randonneurs ont dû se demander ce qu’on faisait là, sans sac, en pleine montagne.

La descente reprend ensuite, sur une dizaine de kilomètres. Le sentier devient plus fréquenté. C’est un itinéraire touristique même si parfois c’est technique avec des cordes. On s’accorde une pause rafraîchissante dans une grotte « climatisée » naturellement, puis on atteint enfin un point d’eau près du parking. Je bois un litre d’eau d’un trait et je remplis toutes les gourdes. La fatigue commence à se faire sentir sur le reste de la descente et mes genoux protestent.

Encore un dernier effort pour rejoindre un coin tranquille près d’une vieille baraque forestière, parfaite pour le bivouac du soir.
Sacré journée : près de 30 km, 2000 m de dénivelé positif, 12 heures de marche et 50 000 pas… le tout sans bâtons !
Pour le dernier jour, il restera encore une vingtaine de kilomètres de descente pour rejoindre Grenoble, où la chaleur annoncée atteindra les 36 °C.

Sommet montagne tour de Chartreuse 2025
Jour 7 :  St Nazaire les Eymes – Grenoble
  • Départ: 6h34 – Arrivée ~13h20
  • 19,65 km 633m D+

Dernier réveil sur les sentiers de Chartreuse. Le départ se fait à 6h30. Quelques mètres de descente pour se mettre en jambes avant d’attaquer la montée du jour. Les réserves d’eau sont presque vides, et tous les torrents croisés sont à sec… Pas de petit-déjeuner pour l’instant. Puis, soudain,  une source apparaît sur le côté du chemin. Je crie : « De l’eau ! ». On remplit toutes les gourdes, de quoi tenir jusqu’à la fin de cette aventure. La descente vers Grenoble se poursuit ensuite tranquillement, le rythme est plus posé, l’esprit déjà un peu tourné vers l’arrivée.

La traversée de la passerelle au-dessus de l’Isère marque le point final du tour : le retour à la civilisation après sept jours d’immersion en pleine nature.

Budget
Budget de 400€ 1 semaine tour chartreuse
Conclusion

Ce fut une magnifique première expérience de randonnée en itinérance, rendue plus facile grâce à l’expérience de mon frère et à une météo idéale tout au long de la semaine.

En tout, 160 km parcourus, 9400 m de dénivelé positif, et aucun souci physique malgré des courbatures et la fatigue accumulée. Les jambes ont tenu bon, portées par des années d’entraînement en course à pied et à vélo.

Des paysages gravés dans la mémoire : le Mont Joigny, Chamechaude, la Dent de Crolles, ou encore le col de Bellefont. Une aventure qui donne envie de repartir déjà.

Itinéraire tour de chartreuse 2025

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